quotas de soles

Bonjour,
Comme vous le savez sans doute, le monde de la pêche est aujourd’hui, tout particulièrement dans notre région, très secoué par l’évolution des quotas pour la sole.

Les éléments qui suivent sont issus pour la plupart d’un échange avec Sébastien Chauvet, responsable islais de l’OP (Organisation des Producteurs) de Vendée. Cette organisation regroupe les ports de l’Ile d’Yeu, St Gilles Croix de Vie et Les Sables d’Olonne.
Par décision de l’Union Européenne, les quotas (c’est-à-dire le tonnage maximum pouvant être pêché sur une saison) ont été diminués, pour la sole, de 37 % pour tout le Golfe de Gascogne. Concrètement, pour les trois ports de l’OP Vendée , ce sera 400 tonnes au lieu de 600 tonnes, soit 15 tonnes en moyenne par bateau (au lieu de 20 à 25 tonnes auparavant). La pêche au bar (qui se pêche en même temps que la sole) sera également très affectée. Un impact important sur les bateaux de plus de 15 m (comme le Marial et le Petit Gaël) dont cette pêche correspond à 40 à 50 % du chiffre d’affaires.
Pourquoi ces nouveaux quotas ?
Depuis des années la sole est sous « plan de gestion », avec l’objectif d’un rendement maximum durable (RMD), c’est-à-dire un niveau de pêche qui permet l’équilibre entre natalité et pêche, et donc le renouvellement du stock de poisson. Ce niveau a été atteint en 2015 et maintenu depuis.
Le problème n’est donc pas lié à la pêche mais, selon les études menées par des scientifiques, à une chute brutale des juvéniles. Cette chute n’est évidemment pas due à la pêche (les mailles des filets excluant les jeunes poissons) mais à une détérioration de la qualité des eaux dans le golfe de Gascogne (augmentation de la température de l’eau notamment), tout particulièrement à proximité des estuaires (la sole est plutôt une espèce d’estuaire).
Quelles solutions ? Quel avenir ?
Il est difficile de se reporter sur d’autres espèces dans la mesure où chaque pêche nécessite une licence et des quotas dont l’attribution ne peut plus aujourd’hui être modifiée. Il existe par ailleurs une certaine spécialisation et il est très difficile de changer de mode de pêche. Rappelons qu’il y a eu ces dernières années beaucoup d’efforts d’adaptation dont certains ont laissé un souvenir douloureux.
Dès lors, la seule réponse proposée est d’indemniser les bateaux pour rester au quai 45 à 90 jours en 2022, voire d’inciter à des sorties de flotte. Des solutions particulièrement difficiles à vivre et qui viennent amplifier le problème crucial actuel du renouvellement de la flotte et des équipages. Des départs en retraite nombreux dans les 4-5 ans, sans perspectives de remplacement, et une flotte vieillissante qui nécessiterait des investissements.
D’autant que la situation ne concerne pas que l’année 2022, mais certainement au moins les 5 ans à venir, sans que ne puisse être assurée la pérennité des plans d’aide.
Que peut-on en penser ?
Les pêcheurs ne remettent pas en cause aujourd’hui les conclusions des scientifiques, même si, par expérience, ils accueillent leur conclusion avec défiance. Mais ils ne peuvent comprendre la brutalité et la soudaineté de la décision, annoncée fin décembre 2021 pour mise en œuvre en janvier 2022, et pour une durée de 3 ans (soit jusqu’en 2025 au minimum) . Après beaucoup d’efforts depuis plusieurs années, ils ne se sentent ni entendus ni considérés, et sont épuisés face à cet enchaînement de mesures, depuis des années, qui, malgré des efforts permanents, semble signer progressivement la mort de la petite pêche.
Notre engagement en AMAP a pour objectif de soutenir une pêche respectueuse de l’environnement, et la forte relation qui s’est nouée au cours des 10 dernières années avec des pêcheurs de l’Ile d’Yeu nous amène aujourd’hui à leur confirmer notre confiance. Nous avons le sentiment d’être à un moment charnière et souhaitons leur exprimer par tous les moyens possibles notre soutien.