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Haut-le-cœur… mais hauts les cœurs 

La colère est un moteur puissant, car de l’écœurement naît la détermination.

Avec sa déclaration récente et ahurissante, le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, ne nous a pas seulement offert un boost d’énergie, il nous a carrément équipés d’un turbo magique. 

Car après ce que nous avons entendu, notre détermination à agir en faveur du climat et de l’environnement est TOTALE, CLAIRE et FERME. 

Mardi 8 mars, au Sénat, le secrétaire d’État s’est exprimé au nom du gouvernement et s’est « totalement, clairement et fermement » opposé à la protection de l’océan. 

Alors que la Commission européenne vient de rappeler aux États membres de l’UE dans un « plan d’action pour l’océan » qu’ils devaient mettre en œuvre les directives et règlements européens de protection marine, et notamment interdire les méthodes de pêche destructrices comme le chalutage de fond dans les aires marines protégées, Hervé Berville s’est résolument rangé, avec plus de clarté que jamais, du côté des lobbies de la pêche industrielle.

M. Berville a fait tomber les masques. Il a montré la vraie nature de notre gouvernement : des destructeurs de l’océan, froids, déterminés et irresponsables. 

Regardez la vidéo, elle est univoque. 

Vidéo des questions au gouvernement du 8 mars 2023.

Ceux qui souhaitent voir les arguments fallacieux développés en soutien des méthodes de pêche destructrices peuvent regarder l’intervention entière en cliquant ici.

« Je le dis très clairement, la France – le gouvernement – est totalement opposée à la mise en œuvre de l’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées. 

Totalement, clairement et fermement ».

On parle bien ici d’interdire les engins destructeurs dans les aires marines « protégées ». C’est-à-dire dans des zones qui devraient déjà interdire depuis longtemps les engins destructeurs. 

Quelle folie…

Ce sont les mots de la France d’Emmanuel Macron en 2023. 

En 2023…  

A huit jours exactement de la sortie du prochain rapport du GIEC sur le climat, attendu le 20 mars 2023.

En 2023…

Alors que les rapports successifs des climatologues et des experts de la biodiversité nous disent, en somme, que :

  • Les émissions de CO2 continuent à croître.
  • Le réchauffement global pourrait atteindre +3,5°C à la fin du siècle.
  • La moitié de l’humanité est déjà très vulnérable aux effets du changement climatique.
  • Les températures ont déjà augmenté de 1,1°C en moyenne dans le monde (mais de 2°C en Europe, plus affectée).
  • Les vagues de chaleur et les sécheresses entraînent une morbidité accrue des humains et des écosystèmes ainsi que des pertes de rendements agricoles et des incendies ravageurs.
  • Des écosystèmes entiers, comme les récifs coralliens, ont déjà atteint le point de non-retour.
  • L’océan, qui est aujourd’hui le « poumon bleu » de la planète, pourrait perdre sa capacité à agir comme puits de carbone et se mettre à contribuer au changement climatique.
  • La fenêtre d’action ne fait que se rétrécir alors que certaines conséquences du changement climatique sont irréversibles…

En 2023… 

Alors que les experts du GIEC s’époumonnent à nous répéter que les changements individuels sont certes nécessaires, mais qu’ils ne pourront pas pallier l’absence d’actions politiques déterminées et immédiates… et précisément 1) la sortie des énergies fossiles, 2) la fin de la déforestation terrestre et sous-marine, 3) la protection et la restauration de la nature. 

En 2023…

Alors que les aires marines protégées sont reconnues comme le moyen le plus efficace pour restaurer les capacités de l’océan à lutter contre le réchauffement climatique et le déclin des espèces marines.

En 2023, alors que JAMAIS gouvernement n’a été confronté à une telle responsabilité. 

C’est leur choix. Leur trahison. 

Dont acte.